The short story (c) Zaïtchick
Posté : ven. août 05, 2005 12:06
Sans titre.
Synopsis : Lazare HERSANDIEU, enquêteur paranormal est invité par un richissime industriel, Jean-Ernest MONTCLERC, dans sa demeure au cœur du marais poitevin. MONTCLERC se dit victime d’un sort : depuis qu’il a entrepris un énorme chantier immobilier à l’est du marais, il a été menacé par un groupe d’individus qui l’ont mis en garde : si le projet se poursuit, il disparaîtra ! Après les avoir congédiés, l’industriel a été pris de malaises chaque fois qu’il s’éloignait du marais : sensations d’étouffement, déshydratation, paralysie comme si son organisme se modifiait… Il s’est donc installé à demeure, retranché dans une grande maison bourgeoise et entouré d’hommes armés. Or, cette nuit-là, dans le marais, quelque chose s’apprête à faire payer à l’industriel son ingérence sur ses terres.
La nuit. Une pluie battante tombe sur une petite route de campagne. Les phares d’une voiture trouent l’obscurité. L’homme au volant peste contre le mauvais temps.
« - Sacré bon sang de pluie ! On n’y voit goutte, c’est le cas de le dire ! »
Au volant, un homme âgé d’une trentaine d’années. L’allure d’un étudiant attardé : plutôt maigre, visage allongé, nez recourbé, portant de petites lunettes rondes, cheveux bouclés, coiffé d’un chapeau mou informe…
La voiture freine brutalement. Une silhouette se dresse sur la route. Lazare ouvre la vitre et s’excuse :
« - je suis désolé, je ne vous ai vu qu’au dernier moment… Vous désirez que je vous dépose quelque part ? »
L’homme reste silencieux et immobile. Il est grand, massif, revêtu d’un long manteau noir et coiffé d’un chapeau à larges bords. Son regard brille dans l’ombre.
Lazare : « - heu… Je cherche la demeure de monsieur MONTCLERC, l’industriel… Vous pouvez m’indiquer la route ? »
Sans mot dire, l’homme en noir pointe une direction du doigt.
« - heu… merci… »
Le véhicule démarre, l’homme noir le regarde s’éloigner. On aperçoit une malformation de sa main gauche… Elle semble palmée. « Zombie ! » pense Lazare.
La voiture s’approche de l’entrée d’une propriété fermée de hauts murs. Les portes s’ouvrent automatiquement. Une caméra de surveillance filme le véhicule. Un chien aboie. Deux hommes armés de fusils et revêtus d’imperméables dont les capuches dissimulent le regard marchent dans la direction de la voiture. L’un d’eux se penche en avant. Lazare lui parle à travers la vitre ouverte.
« - Je m’appelle Lazare HERSANDIEU… C’est la Fondation qui m’envoie… M. MONTCLERC m’attend… »
L’homme hoche la tête et Lazare poursuit son chemin…
« - Décidément, ils sont accueillants dans ce bled ! »
Le hall d’entrée de la résidence de MONTCLERC (vue en plongée), une grande demeure bourgeoise. Lazare apparaît à l’entrée. Une jeune femme l’accueille.
« - Je suis…
- Nous sommes au courant. Donnez-vous la peine d’entrer. M. MONTCLERC vous attend. »
Lazare s’engage dans l’escalier à la suite de la jeune femme.
Elle frappe à une porte.
« - La personne que vous attendiez est arrivée monsieur… »
Une voix irritée répond : « - hé bien, qu’elle entre ! »
Lazare pénètre dans une vaste salle, très éclairée. MONTCLERC l’attend. Il est assis dans une chaise roulante. C’est un homme dans la cinquantaine. Le visage amaigri. Il est chauve et porte des lunettes noires.
« - Vous avez mis le temps !
- La route était mauvaise… commence Lazare.
L’homme l’interrompt : - Je n’ai que faire de vos excuses… Si j’ai fait appel à vous, c’est sur la recommandation d’un ami… Je n’ai pas l’habitude de porter crédit aux histoire de bonnes femmes… (dit-il en se servant un verre, sans même en proposer à Lazare) pourtant (il vide son verre.)
- Si vous commenciez par me raconter ce qui vous arrive… »
« - Je suis un enfant du pays, comme on dit… Je me suis fait tout seul et ça a suscité pas mal de jalousies… Quand j’ai décidé de revenir au pays avec en tête un fabuleux projet immobilier pour transformer cette mare de boue… ce marécage… en un complexe hôtelier de grand luxe, je m’attendais à me heurter aux habituels écologistes et à tous ces intellos gauchistes amoureux de la nature… mais pas à ceux-là…
- Ceux-là ? demande Lazare…
- Ils sont venus me trouver alors que je supervisais le début des travaux… (voix off)
MONTCLERC est sur le chantier. Il paraît plus jeune, plus vigoureux. Il est en costume, botté et coiffé d’un casque de chantier, un rouleau de plans à la main. Il a encore des cheveux.
Trois hommes s’approchent. Tous trois vêtus de manteaux noirs et coiffés de chapeaux comme l’homme croisé sur la route. Le premier d’entre eux paraît très âgé, le visage maigre et ridé. Il s’appuie sur un bâton noueux. Les deux autres sont en retrait, plus grands et large d’épaules. Ils se taisent alors que le vieillard prend la parole.
« - Vous ne devez pas faire cela M. MONTCLERC. Vous transgressez l’ordre des marécages.
- L’ordre ?… Tout est parfaitement en ordre ! J’ai toutes les autorisations de la préfecture, du département, de la DDE ! Vous ne me prendrez pas en faute…
- Il ne s’agit pas de cela, M. MONTCLERC! Il s’agit de règles biens plus anciennes ! Les habitants du marais n’accepteront pas que leur domaine soit violé !
MONTCLERC éclate de rire : - Hé bien, si le syndicat des grenouilles désire me rencontrer, je suis à sa disposition… Maintenant, je vous prierais de déguerpir : ce chantier est interdit au public, ce qui inclut les cinglés de votre espèce…
Les trois hommes se détournent. Le plus vieux lance à l’intention de l’industriel : « - Vous le regretterez M. MONTCLERC ! »
Retour au présent.
Lazare interroge : « - Et vous les avez revus ensuite ?
- Non. Mais c’est peu de temps après que j’ai commencé à éprouver de curieux malaises… Des sensations de vertige, d’étouffement, de plus en plus aiguës à mesure que je m’éloignais du marais ! J’ai commencé à perdre mes cheveux… Je me déshydratais ! J’ai consulté de nombreux spécialistes qui n’ont trouvé aucune explication… rationnelle. Le seul moyen de calmer mes crises était de revenir au marais… J’y trouvais une rémission mais pas la guérison… C’est alors qu’on m’a parlé de vous, de votre… agence…
- Fondation…
- Il s’agit bien de ça ! Je suis prisonnier de ce foutu marais ! Je vis retranché ici et je m’y sens exposé ! Alors, que proposez-vous monsieur HERSANDIEU ?
- Attendre… »
Ailleurs…
Le visage de l’homme noir. Il s’adresse à quelqu’un…
« - Un homme l’a rejoint… Peut-être sait-il que c’est pour ce soir ?
Assis au coin du feu, dans une chaumière, le vieil homme au bâton noueux lui répond…
- Non, il peut se douter mais il ne peut pas savoir… Qui que ce soit, il arrive trop tard… L’esprit des marécages va assouvir sa colère… »
A l’extérieur, une forme massive s’agite au cœur du marais.
Résidence de MONTCLERC.
La secrétaire de l’industriel accompagne Lazare à sa chambre.
« - C’est culotté de votre part de lui tenir tête… Il aurait pu vous fiche dehors, pluie ou pas.
- Je ne pense pas, il est aux abois… Il doit penser que je suis sa dernière chance… Dites-moi, il a toujours été aussi irascible ?
- Non, avant il se contentait d’être ordinairement odieux ! répond la secrétaire en tournant les talons…
A l’extérieur, la pluie redouble… Le chien aboie… L’un des vigiles lui crie de se taire et le rejoint…
« - La paix ! Qu’est-ce qui te prend ? »
Soudain le chien se met à gémir plaintivement et court se réfugier dans le parc.
« - Rex ! Bon sang, qu’est-ce que tu as ? »
Un brusque fracas de branches brisées lui fait tourner la tête en direction du marais…
« - Qu’est-ce que… »
Dans sa chambre, Lazare sursaute et se redresse dans son lit. Il entend des clameurs : « Par ici ! » ; « ça venait de la chambre de M. MONTCLERC ! »
Il chausse ses lunettes, enfile sa veste de pyjama et sort dans le couloir. Là, il trouve la secrétaire en robe de chambre, un domestique et deux vigiles qui s’apprêtent à rentrer dans la chambre de l’industriel…
Les hommes entrent, lampe électrique en main. La pièce est plongée dans l’obscurité. Tout est sens dessus dessous. La porte fenêtre a été enfoncée de l’extérieur, les rideaux volent au vent et la pluie pénètre dans la chambre…
« - Qu’est-ce qui a bien pu faire ça ?
- Où a passé le patron ?
La secrétaire se tourne vers Lazare.
- On l’a enlevé ! C’est impossible, nous sommes au premier ! Personne ne peut faire ça !
Lazare est pensif : - C’est comme si le marais l’avait pris… »
Personne ne prête attention à la forme qui se dissimule dans un coin de la pièce… Celle d’un batracien terrifié.
Fin
Synopsis : Lazare HERSANDIEU, enquêteur paranormal est invité par un richissime industriel, Jean-Ernest MONTCLERC, dans sa demeure au cœur du marais poitevin. MONTCLERC se dit victime d’un sort : depuis qu’il a entrepris un énorme chantier immobilier à l’est du marais, il a été menacé par un groupe d’individus qui l’ont mis en garde : si le projet se poursuit, il disparaîtra ! Après les avoir congédiés, l’industriel a été pris de malaises chaque fois qu’il s’éloignait du marais : sensations d’étouffement, déshydratation, paralysie comme si son organisme se modifiait… Il s’est donc installé à demeure, retranché dans une grande maison bourgeoise et entouré d’hommes armés. Or, cette nuit-là, dans le marais, quelque chose s’apprête à faire payer à l’industriel son ingérence sur ses terres.
La nuit. Une pluie battante tombe sur une petite route de campagne. Les phares d’une voiture trouent l’obscurité. L’homme au volant peste contre le mauvais temps.
« - Sacré bon sang de pluie ! On n’y voit goutte, c’est le cas de le dire ! »
Au volant, un homme âgé d’une trentaine d’années. L’allure d’un étudiant attardé : plutôt maigre, visage allongé, nez recourbé, portant de petites lunettes rondes, cheveux bouclés, coiffé d’un chapeau mou informe…
La voiture freine brutalement. Une silhouette se dresse sur la route. Lazare ouvre la vitre et s’excuse :
« - je suis désolé, je ne vous ai vu qu’au dernier moment… Vous désirez que je vous dépose quelque part ? »
L’homme reste silencieux et immobile. Il est grand, massif, revêtu d’un long manteau noir et coiffé d’un chapeau à larges bords. Son regard brille dans l’ombre.
Lazare : « - heu… Je cherche la demeure de monsieur MONTCLERC, l’industriel… Vous pouvez m’indiquer la route ? »
Sans mot dire, l’homme en noir pointe une direction du doigt.
« - heu… merci… »
Le véhicule démarre, l’homme noir le regarde s’éloigner. On aperçoit une malformation de sa main gauche… Elle semble palmée. « Zombie ! » pense Lazare.
La voiture s’approche de l’entrée d’une propriété fermée de hauts murs. Les portes s’ouvrent automatiquement. Une caméra de surveillance filme le véhicule. Un chien aboie. Deux hommes armés de fusils et revêtus d’imperméables dont les capuches dissimulent le regard marchent dans la direction de la voiture. L’un d’eux se penche en avant. Lazare lui parle à travers la vitre ouverte.
« - Je m’appelle Lazare HERSANDIEU… C’est la Fondation qui m’envoie… M. MONTCLERC m’attend… »
L’homme hoche la tête et Lazare poursuit son chemin…
« - Décidément, ils sont accueillants dans ce bled ! »
Le hall d’entrée de la résidence de MONTCLERC (vue en plongée), une grande demeure bourgeoise. Lazare apparaît à l’entrée. Une jeune femme l’accueille.
« - Je suis…
- Nous sommes au courant. Donnez-vous la peine d’entrer. M. MONTCLERC vous attend. »
Lazare s’engage dans l’escalier à la suite de la jeune femme.
Elle frappe à une porte.
« - La personne que vous attendiez est arrivée monsieur… »
Une voix irritée répond : « - hé bien, qu’elle entre ! »
Lazare pénètre dans une vaste salle, très éclairée. MONTCLERC l’attend. Il est assis dans une chaise roulante. C’est un homme dans la cinquantaine. Le visage amaigri. Il est chauve et porte des lunettes noires.
« - Vous avez mis le temps !
- La route était mauvaise… commence Lazare.
L’homme l’interrompt : - Je n’ai que faire de vos excuses… Si j’ai fait appel à vous, c’est sur la recommandation d’un ami… Je n’ai pas l’habitude de porter crédit aux histoire de bonnes femmes… (dit-il en se servant un verre, sans même en proposer à Lazare) pourtant (il vide son verre.)
- Si vous commenciez par me raconter ce qui vous arrive… »
« - Je suis un enfant du pays, comme on dit… Je me suis fait tout seul et ça a suscité pas mal de jalousies… Quand j’ai décidé de revenir au pays avec en tête un fabuleux projet immobilier pour transformer cette mare de boue… ce marécage… en un complexe hôtelier de grand luxe, je m’attendais à me heurter aux habituels écologistes et à tous ces intellos gauchistes amoureux de la nature… mais pas à ceux-là…
- Ceux-là ? demande Lazare…
- Ils sont venus me trouver alors que je supervisais le début des travaux… (voix off)
MONTCLERC est sur le chantier. Il paraît plus jeune, plus vigoureux. Il est en costume, botté et coiffé d’un casque de chantier, un rouleau de plans à la main. Il a encore des cheveux.
Trois hommes s’approchent. Tous trois vêtus de manteaux noirs et coiffés de chapeaux comme l’homme croisé sur la route. Le premier d’entre eux paraît très âgé, le visage maigre et ridé. Il s’appuie sur un bâton noueux. Les deux autres sont en retrait, plus grands et large d’épaules. Ils se taisent alors que le vieillard prend la parole.
« - Vous ne devez pas faire cela M. MONTCLERC. Vous transgressez l’ordre des marécages.
- L’ordre ?… Tout est parfaitement en ordre ! J’ai toutes les autorisations de la préfecture, du département, de la DDE ! Vous ne me prendrez pas en faute…
- Il ne s’agit pas de cela, M. MONTCLERC! Il s’agit de règles biens plus anciennes ! Les habitants du marais n’accepteront pas que leur domaine soit violé !
MONTCLERC éclate de rire : - Hé bien, si le syndicat des grenouilles désire me rencontrer, je suis à sa disposition… Maintenant, je vous prierais de déguerpir : ce chantier est interdit au public, ce qui inclut les cinglés de votre espèce…
Les trois hommes se détournent. Le plus vieux lance à l’intention de l’industriel : « - Vous le regretterez M. MONTCLERC ! »
Retour au présent.
Lazare interroge : « - Et vous les avez revus ensuite ?
- Non. Mais c’est peu de temps après que j’ai commencé à éprouver de curieux malaises… Des sensations de vertige, d’étouffement, de plus en plus aiguës à mesure que je m’éloignais du marais ! J’ai commencé à perdre mes cheveux… Je me déshydratais ! J’ai consulté de nombreux spécialistes qui n’ont trouvé aucune explication… rationnelle. Le seul moyen de calmer mes crises était de revenir au marais… J’y trouvais une rémission mais pas la guérison… C’est alors qu’on m’a parlé de vous, de votre… agence…
- Fondation…
- Il s’agit bien de ça ! Je suis prisonnier de ce foutu marais ! Je vis retranché ici et je m’y sens exposé ! Alors, que proposez-vous monsieur HERSANDIEU ?
- Attendre… »
Ailleurs…
Le visage de l’homme noir. Il s’adresse à quelqu’un…
« - Un homme l’a rejoint… Peut-être sait-il que c’est pour ce soir ?
Assis au coin du feu, dans une chaumière, le vieil homme au bâton noueux lui répond…
- Non, il peut se douter mais il ne peut pas savoir… Qui que ce soit, il arrive trop tard… L’esprit des marécages va assouvir sa colère… »
A l’extérieur, une forme massive s’agite au cœur du marais.
Résidence de MONTCLERC.
La secrétaire de l’industriel accompagne Lazare à sa chambre.
« - C’est culotté de votre part de lui tenir tête… Il aurait pu vous fiche dehors, pluie ou pas.
- Je ne pense pas, il est aux abois… Il doit penser que je suis sa dernière chance… Dites-moi, il a toujours été aussi irascible ?
- Non, avant il se contentait d’être ordinairement odieux ! répond la secrétaire en tournant les talons…
A l’extérieur, la pluie redouble… Le chien aboie… L’un des vigiles lui crie de se taire et le rejoint…
« - La paix ! Qu’est-ce qui te prend ? »
Soudain le chien se met à gémir plaintivement et court se réfugier dans le parc.
« - Rex ! Bon sang, qu’est-ce que tu as ? »
Un brusque fracas de branches brisées lui fait tourner la tête en direction du marais…
« - Qu’est-ce que… »
Dans sa chambre, Lazare sursaute et se redresse dans son lit. Il entend des clameurs : « Par ici ! » ; « ça venait de la chambre de M. MONTCLERC ! »
Il chausse ses lunettes, enfile sa veste de pyjama et sort dans le couloir. Là, il trouve la secrétaire en robe de chambre, un domestique et deux vigiles qui s’apprêtent à rentrer dans la chambre de l’industriel…
Les hommes entrent, lampe électrique en main. La pièce est plongée dans l’obscurité. Tout est sens dessus dessous. La porte fenêtre a été enfoncée de l’extérieur, les rideaux volent au vent et la pluie pénètre dans la chambre…
« - Qu’est-ce qui a bien pu faire ça ?
- Où a passé le patron ?
La secrétaire se tourne vers Lazare.
- On l’a enlevé ! C’est impossible, nous sommes au premier ! Personne ne peut faire ça !
Lazare est pensif : - C’est comme si le marais l’avait pris… »
Personne ne prête attention à la forme qui se dissimule dans un coin de la pièce… Celle d’un batracien terrifié.
Fin