Définition de la BD - Chapitre 2 (sur 5)

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lokorst
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Définition de la BD - Chapitre 2 (sur 5)

#1 Message par lokorst »

Les matières de l’expression, outils permettant le développement d’un récit, ne sont, pour la bande dessinée, que purement visuelles : il s’agit de signes iconiques (les images) et accessoirement de signes linguistiques (le texte). En cela, le dessinateur de bande dessinée est bien plus limité que le cinéaste, puisque, a priori, toutes les matières sonores lui sont interdites. Néanmoins, les matières visuelles, et en particulier linguistiques, sont majoritairement utilisées comme des indices sonores (dialogues, bruits et parfois musique).

Vignettes
Le cadre en bande dessinée est bien plus complexe qu’au cinéma car il est multiple. En effet, la bande dessinée classique enferme chaque dessin dans ce qu’il est convenu d’appeler une vignette. Il s’agit là du cadre limitant l’une des premières unités de sens en bande dessinée selon Groensteen (même si certains peuvent avancer qu’il existe des unités plus minimes porteuses de sens) :

« Dans sa configuration habituelle, la vignette se donne en effet comme une portion d’espace isolée par du blanc et clôturée par un cadre qui assure son intégrité. Ainsi, quels que soient son contenu (...) et la complexité dont celui-ci témoigne éventuellement, la vignette est une entité qui se prête à des manipulations générales. (...)
La preuve en est donnée lorsqu’une bande dessinée, à la faveur d’un changement de support, subit un « remontage » : c’est alors l’ordonnance des vignettes qui est avant tout modifiée. » (1)

C’est par l’ordonnance de plusieurs de ces unités premières, que sont les cases, que va s’ordonner le récit propre à la bande dessinée, car, comme les théoriciens de la bande dessinée s’accordent à le dire, il faut, pour que ces images, accompagnées ou non de textes, forment une bande dessinée, qu’elles soient organisées en séquences. Mais c’est principalement au niveau formel que ce récit acquiert sa spécificité. Car la vignette n’a pas de forme fixe : sa taille, sa forme, est totalement libre. La seule limitation est celle imposée par la taille de la planche (la page de bande dessinée) et par la taille et la forme des autres cases. Dans la planche de Batman – Dark Knight, de Frank Miller on trouve deux formes de case : la première et la dernière occupent toute la largeur de la planche et sont des rectangles horizontaux, les huit cases centrales, disposées en deux strips réguliers, sont des rectangles verticaux. La case, d’un point de vue narratif, peut contenir une progression temporelle comme, par exemple, une réaction de cause à effet. L’exemple le plus prégnant reste les conversations : deux personnages peuvent, dans une même case, entretenir une conversation composée de plusieurs questions et de plusieurs réponses, de même l’attitude de l’un peut résulter de l’action d’un autre. La première case de la planche de Frank Miller est caractéristique de cette situation : le gangster répond à Batman, puis la parole est donnée aux deux policiers. La temporalité induite par ce phénomène est principalement fondée par le sens de lecture (de gauche à droite en Occident), les événements à gauche de la case (le gangster qui répond à Batman) paraissant précéder ceux de droite (les deux policiers qui parlent). C’est par ailleurs ce sens de lecture traditionnelle qui sera le principal facteur de « mise en temps » d’une bande dessinée à travers les différentes unités : la case, le strip, la planche, la double planche et la bande dessinée dans son intégralité.

(1) Thierry Groensteen, Système de la bande dessinée, 1999, P.U.F., collections Formes Sémiotiques, p.32.
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