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De la contrainte dans le travail artistique

Posté : mar. févr. 22, 2011 21:26
par lokorst
Longtemps je me suis demandé pourquoi j'écrivais des scénarios de BD, vu que, vraisemblablement je n'aspire pas forcément à en vivre.
Et puis un jour, je me suis dis que c'était dans ma nature d'inventer des histoires (c'est ce que je fais quand je ne fais rien, quand mon esprit est libre) et que d'en faire des scénarios rendait cela utile. Ça permet aussi de rencontrer des artistes avec qui échanger et travailler. Bref, avoir au moins une personne qui s'investit sur mes histoires, etc.

Seulement, voilà, la vie dans notre société n'est pas toujours faite pour disposer d'une des choses nécessaire à la création : le temps.
Et il est facile de renier ainsi ses aspirations ou de les laisser se faire bouffer par d'autres occupations (souvent bien moins nécessaire : télé, internet,...)
Aussi, je me suis imposé, depuis peu, une contrainte de travaille : je dois écrire une planche de scénario par jour.... au minimum. (je précise, parce qu'avant je me disais :"une moyenne d'une page par jour et je me retrouvais avec genre 60 pages de retard en à peine 3 mois ^^).

Et bien, depuis ma résolution d'écrire au moins une planche de scénario par jour, soit depuis 26 jours, je n'ai oublié de le faire qu'un seul jour et j'en suis à 48 planches écrites.
Faut juste que j'améliore la partie "saisie info et corrections" (seulement 10 planches sur les 48...).
Et je trouve ça cool et je me sens bien juste pour ça.
Après il y a planche et planche. J'écris pas toujours dans l'ordre les histoires en fonction du temps que j'ai (si je rentre à minuit, je vais écrire, à moitié endormi) en 5 min une planche en 3 cases muettes). Mais d'un autre côté, je me surprend à écrire n'importe quand et n'importe où, dès que j'ai suffisamment de temps pour sortir un cahier et un crayon.
Bon, l'écriture à l'avantage de pouvoir être faite un peu partout.
Sinon, en peu de temps, j'ai pu le faire rentrer dans mes mœurs et le faire accepter par mes proches :" Tu vas où là, Flo ?" " Je vais écrire ma page d'aujourd'hui, je reviens dans 20 minutes" "Ok !".

Du coup je me demande si vous avez aussi vos contraintes auto-imposées pour trouver le temps de faire ce que visiblement vous aimez tous faire ici : faire des BD ?

Re: De la contrainte dans la travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 4:39
par logicfun
je pense qu'il faut se fixer des contraintes sous peine de ne pas avancer,car si on s'écoute on a de bonne chance de passer des journées a zapper devant la télé en bouffant des saloperie pour finir débile avec 50kg de trop
vu que j'ai pas de taf (ca devient lourd d'ailleurs),j'essaye de faire entre 6 et 8 heure de colo mini par jour et le dimanche c'est repos. ca me permet de ne pas me laisser aller a végéter et d'essayer de progresser le plus rapidement possible

Re: De la contrainte dans la travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 6:02
par Asid
Bah, moi, je ne trouve même pas le temps de zapper en bouffant des saloperies. ^^

Comme tu le dis, Flo, c'est bien moins aisé (enfin, ça dépend pour qui mais, là, je parle de moi) de dessiner que d'écrire. On ne peut pas se promener perpétuellement avec des feuilles A3 sur soi, se poser n'importe où et se mettre à faire une planche quand on a soudainement l'occasion.

Cela dit, même à la maison, c'est chaud. Perso (attention, je raconte ma vie), j'ai négocié mon contrat pour pouvoir quitter le taf une heure plus tôt et, quand je quitte le boulot, je fonce chercher ma fille chez la nounou. On rentre à la maison, je m'occupe d'elle jusqu'à ce que Lilou rentre et, dans la foulée, on la fait manger (euh, là, il est déjà pas loin de 20 heures), on lui donne le bain, préparation du bib' du soir et, hop, au dodo. Quand Violette s'endort, il est déjà plus de 21 heures. Je vous passe d'autres détails mais, sachant qu'on doit également passer à la douche chacun notre tour, se préparer à manger pour le soir et le lendemain midi, préparer les affaires de Violette pour le lendemain, quand on arrive à se poser pour souper, il est 22h30, on est sur les rotules, et on n'a absolument pas profité l'un de l'autre de toute la journée.

Je ne me vois pas laisser ma fille se débrouiller toute seule entre 18 et 20 ni laisser ma femme le soir pour aller - encore - bosser. Car, soyons francs, on ne fait rien en 20 minutes en termes de BD. En tout cas, moi, je n'en suis pas capable.

Du coup, le seul moment que j'ai trouvé pour faire des trucs, c'est tôt le matin. Je me lève en moyenne à 4 heures tous les jours, ce qui me laisse 2 heures pour avancer dans mon travail. Là, il est 5h55, je n'ai toujours pas fait ce que j'avais prévu de faire ce matin (storyboard d'un projet perso et rédaction de la première partie d'un cours sur la perspective) parce que j'ai passé mes deux heures sur le forum à lire les sujets, répondre à des trucs, faire des captures d'écran et proposer des corrections sur des dessins.

Et, étant donné que j'ai actuellement 7 projets sur le feu, bah, en définitive, j'avance sur rien. Je crois que, la seule solution qu'il me reste, c'est de déserter le forum ! :lol:

Que les choses soient claires : j'adore ma vie, hein. J'ai une femme et une fille géniales et qui me comblent de bonheur et j'ai un boulot de rêve. Mais... On parlait bien du temps à trouver pour faire des BD, right ? :wink:

Re: De la contrainte dans la travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 7:56
par Guigui le gentil
Très bon sujet :mrgreen:

Personnellement je me suis donné comme contrainte de faire 1 planche par semaine et j'y réussi que la moitié du temps, soit pendant un peu moins de 6 mois par an sinon il y aura 2 BK par an. En ce moment je dois en faire 2 même pour rattrapper mon retard.

Voici ma journée : lever vers 8 h, boulot avec Ceel de 9 h à 12h15. Puis jusque 14 h, Ceel colorise une planche sur la Cintiq, tandis que moi je clean ou fait le story une planche sur la mienne. Ensuite on a la grosse frustration de s'arrêter pour bosser sur pour quoi on nous paye, sans changer de lieu toujours. Puis de 18 à 19 h on recommence. Et le soir parfois j'encre mes planches à la maison, ce qui me fait souvent des journées de 13 h de taf car en parallèle de mes planches pour BK, y a pleins de trucs à gérer pour l'assoc et j'ai encore une tonne de trucs à faire pour WEBellipses.

Re: De la contrainte dans la travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 10:23
par lokorst
Asid a écrit : Que les choses soient claires : j'adore ma vie, hein. J'ai une femme et une fille géniales et qui me comblent de bonheur et j'ai un boulot de rêve. Mais... On parlait bien du temps à trouver pour faire des BD, right ? :wink:
J'ai mis trois ans à trouver un rythme de vie crédible pour réussir à tout goupiller (le taff avec, souvent des semaines de 50h, du temps à passer avec ma copine, voir ma famille et même aller à la piscine une fois par semaine, etc....)
Tu commences à bien t'en sortir je trouve. Alors quelques réglages et tu seras bon ^^.
Tu peux peut-être t'imposer non pas forcément un minimum de planches mais un minimum de sketch ?
Le sketch du jour ? = une recherche sur un perso / une recherche sur une posture / ne compo pour une illu / quelques recherches pour dessiner un pied / etc... Bref, un peu comme faire ses gammes tous les jours. Un truc qui peut te prendre de 5 min à 1 heure en fonction du temps dispo. Mais que du coup tu peux faire toujours. Et du coup, ça te fait la main et te de donne encore plus d'automatisme et de matière pour réaliser rapidement des planches quand tu as vraiment du temps pour dessiner.

Re: De la contrainte dans la travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 10:33
par Kevin
je me retrouve assez dans ce planning !! :lol:
Asid a écrit :On rentre à la maison, je m'occupe d'elle jusqu'à ce que Lilou rentre et, dans la foulée, on la fait manger (euh, là, il est déjà pas loin de 20 heures), on lui donne le bain, préparation du bib' du soir et, hop, au dodo. Quand Violette s'endort, il est déjà plus de 21 heures. Je vous passe d'autres détails mais, sachant qu'on doit également passer à la douche chacun notre tour, se préparer à manger pour le soir et le lendemain midi, préparer les affaires de Violette pour le lendemain, quand on arrive à se poser pour souper, il est 22h30, on est sur les rotules, et on n'a absolument pas profité l'un de l'autre de toute la journée.
cela dit, avant que Mael n'arrive, je me suis mis à bosser sur un projet "L'enfant clou". L'idée était effectivement de pondre 2 planches par jour. Et finalement en moins d'un mois, j'ai réalisé un scénario de 34 pages.
L'idée était de lancer les idées de scènes qui me motivaient sur le moment. Du coup pas de frustration, l'impression d'avancer... Après j'ai fait le trie, j'ai coupé des scènes, remis dans un certain ordre. ET surtout je ne me bloquais pas sur un passage délicat à écrire.
Depuis, je fais la même chose. Une heure d'écriture le matin en arrivant au taf (pendant que les autres papotent autour du café :wink: . J'avance en écrivant des idées de scène sur le nouveau scénar d'Héroïne. Même si je ne retiens pas ces scènes, elles me servent pour donner un ton, creuser un personnage... bref je me fais plaisir.

Après y a des moments, où je suis trop naze pour le faire. Mais en moyenne, j'y arrive.

Re: De la contrainte dans le travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 10:56
par logicfun
je suis choqué,dans quel monde on vie ?
a quoi ca sert une femme si faut faire la bouffe,s'occuper des gosses,le ménage et toute ces conneries ?
si vous voulez de la compagnie,un chien c'est très bien et en plus c'est fidèle
Pour la cuisine,il y a les traiteurs. Pour le ménage les bonniches et pour la baise les putes. Pour tout ce qui est technique,vaut mieux faire confiance a des professionnel

plus sérieusement,tout ce qui est passion n'est pas évident a mettre en place quand on cumule déjà emplois plus vie de famille.Asid je sais pas comment tu tient avec ton rythme de malade,quand j'ai pas mes 9h de sommeil je suis un zombie

pour les gars overbook comme toi,je pense que ce fixer entre 30mn et 1h comme le disais Lokorst (enfin a peut prêt ce qu'il a dit parce que 5 mn ca me semble un poil léger) serais déjà bien
faut pas non plus que ca devienne trop contraignant car a la base ca doit rester un plaisir

Re: De la contrainte dans le travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 11:17
par lokorst
En fait le plus amusant c'est à quel point ce rituel imposé devient un automatisme.

C'est comme pour la piscine : quand je disais "j'irai bien à la piscine mais j'ai pas le temps", et bien, vraiment, dans les faits j'avais pas le temps. Je veux dire, même si je l'avais, après le boulot, j'étais trop nases et puis, si j'avais pas le temps d'écrire, j'allais pas non plus aller à la piscine.

Mais une fois, pendant des vacances, j'y suis allé et depuis, tous les mercredi à 18h, j'y vais... c'est un automatisme. Et du coup, c'est bizarre, mais alors que j'ai pas moins de choses à faire dans mon emploi du temps, et bien, je me suis remis à écrire 3 semaines après.
Comme quoi.

Bon après, l'équilibre est précaire, un, faut réussir à bétonner tout ça pour pas que le moindre grain de sable enraye la machine.
Mais qu'est ce qu'on se sent bien quand on arrive enfin à faire ce qu'on a envie de faire.

Re: De la contrainte dans le travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 11:37
par Yves Pauquet
Pour ma part, je me retrouve bien dans l'emploi du temps d'Asid. :lol:

Tout pareille, donc je vais éviter les redites, hormis que j'ai deux garcons, 2ans et demi, et 1ans bientôt.
Jusqu'à présent je travail durant la sieste des deux loulous (45 min à 1h30, selon) deux fois par semaine, lors de mes repos hebdomadaires et qq fois le soir, après 22h30 si j'ai encore la force de tenir un crayon.
J'ai déjà essayé de me fixer des contraintes d'heure, 1h par jour, puis une case par jour... Très difficilement faisable pour moi car en tant qu'infirmier, j'ai des horaires pourries (les 3 huit, grosso modo), ce qui ne m'amène déja pas à avoir une régularité ds ma propre vie personnelle. J'ai donc vite arrêté.
A ce jour, je suis donc à l'affut du moindre temps disponible, pour sortir mon matos sur ma table de salon (et non pas de bureau, ni d'atelier pour l'instant) et essayer d'être le plus efficace possible. C'est vrai qu'avec la fatigue et le manque de tps, j'ai tendance à faire des erreurs, oubli de revenir sur un truc que je devais faire etc, ce qui accroit le travail car après faut rectifier les erreurs..

Mais tt ca, au final, c'est que du bonheur, même si on trime un petit peu, car j'aime ce que je fais....

Re: De la contrainte dans le travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 11:39
par lokorst
Bon, bah je crois que le sujet était utile en fait, parce qu'on va vite se rendre compte qu'on a tous la même problématique. Ça rassure ^^.

Re: De la contrainte dans le travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 12:10
par logicfun
yves met le point sur une chose importante dans l'optimisation de temps,c'est le lieux
un endroit dédié est presque primordiale,surtout pour un dessinateur. Si a chaque fois il faut débarrasser la table et sortir tout le matos,ca fait perdre pas mal de temps et souvent on risque de ce dire " je vais pas tout sortir pour dessiner 20 mn "
avoir un petit coin a soi avec tout a dispo est un gain de temps et de confort indéniable,surtout pour ceux qui bosse en fractionné

Re: De la contrainte dans le travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 12:15
par Asid
Je ne désespère pas ; quand j'achèterai une maison, j'aurai mon bureau. Ce sera le pied. :)

Re: De la contrainte dans le travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 12:49
par Fonichon
Je bosse sur la BD lors de certaines siestes des enfants, mais la plupart du temps, il y a aussi les papiers à rêgler, le ménage à faire, le déchets à trier... Bref, il faut tenir compte du fait que Asid n'a pas été exhaustif dans tout ce qu'il a déjà dit. Pour faire bref, je pense que la situation est carrément différente pour ceux qui ont des enfants, car on gère plusieurs vies à la fois, et on cumule plus de fatigue. Et même si l'on compare avec quelqu'un qui bosserait 70 heures par semaine, mais sans enfants, celui qui a les gosses gagne sans problème la palme de l'emploi du temps de cerveau et de bras disponibles. Il n'y a donc pas de possibilité de comparer, à mon sens. Je le sais, j'ai connu les deux situations, et on a dû zappé les 9/10èmes de nos activités personnelles avec Emilie dès qu'on a eu Marius. Pour moi, l'important est de garder un pied dedans, pas de planning particulier, car on ne peut pas le respecter et c'est hyper frustrant.

Re: De la contrainte dans le travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 13:03
par lokorst
Fonichon a écrit :Je bosse sur la BD lors de certaines siestes des enfants, mais la plupart du temps, il y a aussi les papiers à régler, le ménage à faire, le déchets à trier... Bref, il faut tenir compte du fait que Asid n'a pas été exhaustif dans tout ce qu'il a déjà dit.
On a les même aussi ^^.

Mais je trouve que les parents du collectif s'en sorte finallement pas mal. Si on faisait un tableaux "productivité/célibat/enfants" et bien on verrait pas forcément de relation clairement définie. La procrastination s'accommode très bien avec l'image du trentenaire célibataire.
D'ailleurs, les plus productifs, (si on enlève Guigui), ce sont des parents avec des enfants un peu plus grand que les votre (je pense à Jim et Michel)
Donc, en fait, patience jeunes papas, bientôt vous exploserez vos stats ;).

Re: De la contrainte dans le travail artistique

Posté : mer. févr. 23, 2011 14:51
par logicfun
lokorst a écrit : La procrastination s'accommode très bien avec l'image du trentenaire célibataire
c'est pas faux